Je me demandais quels ouvrages vous aviez trouvés particulièrement marquants concernant des figures féminines. Biographies, romans, essais... tous les genres sont les bienvenus ! J'aimerais bien élargir un peu ma bibliothèque sur le sujet, et j'avoue que je ne sais pas trop par où commencer. J'ai déjà lu Simone de Beauvoir, mais j'aimerais découvrir d'autres profils, d'autres époques...
Simone de Beauvoir, c'est une valeur sûre, c'est vrai. En parlant de classiques, ça me fait penser qu'il faudrait que je me refasse *Le Deuxième Sexe* un de ces jours... Sinon, dans un registre différent, j'avais beaucoup aimé la biographie d'Alexandra David-Néel. Une sacrée aventurière, et une femme drôlement inspirante, oui.
David-Néel, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt, non ? Je veux dire, on cite toujours les mêmes figures d'aventurières occidentales. Il y a des femmes incroyables dans toutes les cultures, dont les histoires sont rarement mises en avant. C'est dommage.
C'est clair que diversifier les sources, c'est primordial. Dans le genre "histoires inspirantes", mais plus axé sur la jeunesse, je suis tombée sur ça :
Une vidéo qui présente des bouquins pour enfants sur des femmes qui ont fait bouger les choses. Ruby Bridges, Malala, etc. De quoi donner des idées pour les plus jeunes, ou juste découvrir des noms qu'on ne connaissait pas.
La vidéo est un bon point de départ pour initier les plus jeunes, mais il faut aussi pousser la réflexion plus loin. On parle souvent de femmes ayant surmonté des obstacles évidents, ce qui est bien, certes. Bridges et Malala sont des symboles forts, on ne peut pas le nier. Mais il faudrait peut-être s'attarder sur les figures féminines qui ont marqué l'histoire de manière plus subtile, moins spectaculaire. Celles dont l'influence s'est exercée dans l'ombre, ou dont les réalisations ont été minimisées, voire attribuées à des hommes. L'histoire regorge de ces exemples, et il est de notre devoir de les exhumer. Je pense par exemple aux travaux de Rosalind Franklin, occultés au profit de Watson et Crick, ou à Mileva Marić, dont le rôle dans les premières théories d'Einstein reste sujet à débat. C'est d'autant plus important que, si l'on en croit certaines études (je pense notamment à une analyse de l'université de Stanford de 2021), seulement 30% des rôles de leadership dans les grandes entreprises sont occupés par des femmes. Et ce chiffre stagne, voire régresse dans certains secteurs. Mettre en lumière des figures féminines complexes, avec leurs faiblesses et leurs contradictions, me parait plus pertinent qu'une simple hagiographie de "femmes fortes". C'est dans la nuance que l'on trouve la véritable inspiration, et c'est cette complexité qui permet aux jeunes filles (et aux jeunes gens, soyons clairs) de s'identifier à des modèles plus réalistes. Car, soyons honnêtes, combien de personnes peuvent réellement s'identifier à une Malala ? Alors qu'une figure comme Virginia Woolf, avec son génie et ses tourments, est peut-être plus accessible, plus humaine. J'ajouterais une statistique que j'ai trouvé intéressante, issue d'une étude de McKinsey de 2020 : les entreprises avec une forte représentation féminine au sein de leurs conseils d'administration ont une rentabilité supérieure de 15% en moyenne. Ce n'est pas anodin, et cela prouve que la diversité est un atout, pas une contrainte. Il faudrait donc peut-être moins se focaliser sur les obstacles rencontrés par les femmes, et davantage sur la valeur ajoutée qu'elles apportent. Ce serait une manière plus constructive de les rendre "inspirantes". Enfin, ce n'est que mon humble avis, évidemment.
Tout à fait d'accord sur la nécessité de complexifier les modèles. Et Virginia Woolf, quel choix pertinent !
Woolf... tiens, faudra que je pense à ressortir mes minéraux violets, j'en ai un qui me fait furieusement penser à son univers, un truc un peu onirique. Bref, pour revenir au sujet, je pense qu'il y a aussi des femmes inspirantes dans des domaines moins "nobles", des artisanes, des entrepreneuses locales, des femmes qui se battent au quotidien sans faire de grandes déclarations. Celles-là, elles m'inspirent aussi beaucoup.
Merci pour toutes ces pistes, je vais regarder ça de plus près. J'avoue que l'angle des femmes de l'ombre est particulièrement intéressant.
Bon, j'ai creusé un peu la question des femmes de l'ombre. C'est fou ce qu'on découvre ! J'ai commencé à lire un bouquin sur Lise Meitner, la physicienne qui a compris la fission nucléaire... et qui s'est fait voler la vedette par son collègue. C'est hallucinant de voir comment son rôle a été minimisé. Bref, merci encore pour les conseils, ça m'a ouvert les yeux sur pas mal de choses.
Super d'avoir creusé, Stratège1! Lise Meitner, c'est un excellent exemple 🤩. Y a tellement de figures comme elle... Ça donne envie de se plonger dans leurs histoires. Et de se battre pour que ça change ✊.
Meitner, Marić... On pourrait allonger la liste à l'infini. Ce qui est frappant, c'est la constance de ce phénomène. Et le fait qu'il persiste encore aujourd'hui, même si les formes sont plus subtiles. On parle beaucoup de biais inconscients, mais je pense qu'il y a aussi une forme de "biais de confirmation" qui entre en jeu. On a tendance à valoriser ce qui conforte nos idées préconçues, et à ignorer ce qui les remet en question. Or, dans une société encore largement dominée par les hommes, il est plus facile d'attribuer le succès à un homme qu'à une femme, même si les faits prouvent le contraire. Les chiffres ne mentent pas : selon un rapport de l'UNESCO de 2017, les femmes représentent moins de 30 % des chercheurs dans le monde. Et même lorsqu'elles sont présentes, elles sont souvent moins bien payées et moins susceptibles d'obtenir des financements pour leurs projets. La solution ne réside pas uniquement dans la "discrimination positive", qui peut avoir des effets pervers. Il faut surtout s'attaquer aux racines du problème : l'éducation, la culture, les stéréotypes de genre... Et cela passe par une relecture critique de l'histoire, en mettant en lumière ces figures féminines oubliées ou minimisées. Je pense qu'il faut aussi encourager les filles à s'orienter vers les filières scientifiques et techniques, où elles sont encore largement sous-représentées. Une étude de l'OCDE de 2018 a montré que seulement 8 % des filles envisagent une carrière dans l'ingénierie ou l'informatique, contre 25 % des garçons. C'est un gâchis énorme de talents. Bref, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que les femmes soient pleinement reconnues pour leurs contributions. Mais chaque petite action compte. Et lire des livres sur des femmes inspirantes, c'est déjà un bon début.
Je suis totalement d'accord avec l'analyse. Ce "biais de confirmation", c'est vraiment le nerf de la guerre, je trouve. On le voit partout, et pas seulement dans la reconnaissance des femmes. On a tellement de mal à remettre en question nos schémas de pensée... Du coup, ça perpétue des inégalités sans qu'on s'en rende compte. L'histoire de Lise Meitner est un cas d'école. C'est révoltant de voir comment son travail a été minimisé. Mais le pire, c'est que ça continue. J'ai lu récemment un article sur les disparités salariales dans la recherche, et les chiffres font froid dans le dos. Même à poste égal, les femmes sont moins bien payées et ont moins accès aux financements. C'est inadmissible. Et puis, il y a aussi le problème de la visibilité. On a tendance à citer les mêmes femmes, celles qui ont réussi à percer malgré les obstacles. C'est bien, mais ça ne suffit pas. Il faut aussi mettre en avant celles qui travaillent dans l'ombre, celles qui ne font pas la une des journaux, mais qui contribuent à faire avancer la science et la société. Je pense aux techniciennes de laboratoire, aux ingénieures, aux mathématiciennes... Elles sont souvent invisibles, mais leur travail est indispensable. Pour rejoindre l'étude de l'OCDE de 2018, c'est assez parlant. Seulement 8% des filles qui veulent tenter l'ingénierie ou l'informatique ? Il y a vraiment un problème avec les modèles qu'on propose. On a encore trop tendance à véhiculer des stéréotypes de genre qui découragent les filles de s'orienter vers ces filières. Il faut absolument déconstruire ces stéréotypes et montrer aux filles que les sciences, c'est aussi pour elles. Du coup, je me demande si, en tant que société, on ne devrait pas repenser notre approche de l'enseignement des sciences. Peut-être faudrait-il mettre davantage l'accent sur les aspects concrets et les applications pratiques, pour rendre les sciences plus attractives pour les filles. Je pense aussi qu'il serait intéressant de proposer des modèles féminins positifs, des femmes scientifiques qui ont réussi à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Il faut montrer que c'est possible, et que les sciences peuvent être une voie d'épanouissement pour les femmes.
Stratège1 : le 17 Juillet 2025